Baie d’Ha long – Vietnam – 18 mai 2011

Mes études à Singapour touchent à leur fin et l’opportunité de multiplier les voyages en Asie du Sud Est avec. Je décide donc de faire un tout dernier voyage en me rendant au Nord du Vietnam pour explorer la baie d’Ha Long. Bien que pas à mon aise financièrement je caresse le doux espoir de dormir dans une jonque en pleine mer de Chine. Pour ça je n’hésite pas à interpeller les backpackers à Hanoï. C’est comme ça que je rencontre Franz, un suisse qui accepte de partager une chambre avec moi. Lui seul se chargeant de la caution.
Le séjour à bord est des plus suaves. La brume entourant les pains de sucre participant à une atmosphère métaphysique. Nous sommes 10 personnes provenant de 7 pays différents.
La journée s’achève et, en fidèle lecteur de Jean D’Ormesson, je décide de me baigner. J’ôte mon t-shirt et mes sandales et saute du pont du bateau dans les eaux noires, semblables à de l’encre de Chine. Le décor est merveilleux et seul mon colocataire de circonstance, Franz, ose rompre le silence par un « Where are the f*** keys ? ».
Je m’interroge et repasse les derniers instants dans ma tête. J’ai :
- fermé la porte de la chambre,
- mis les clés dans mon short,
- pris une photo du soleil couchant*,
- constaté que l’eau n’attendait que moi,
- emprunté l’échelle pour me rendre sur le pont,
- ôté mon haut et mes chaussures,
- plongé dans l’eau…

Je palpe alors mes poches et constate avec stupeur qu’elles ne sont plus là… probablement 50 mètres sous mes pieds. Je regagne alors la jonque, il fait maintenant nuit. Impossible d’avouer mon infortune sans perdre la caution… Caution que je ne suis pas en mesure de rembourser à Franz… Alors, tel un voyou, je fracture la fenêtre de ma chambre, ouvre la porte de l’intérieur et cache mon crime au propriétaire…


*La photo que vous voyez a été prise juste avant de sauter dans l’eau et y perdre (pieds) mes clés. Ce qui me plaît sur ce cliché c’est une certaine ressemblance avec « Impression, soleil levant » de Monet. Bien que les instants étant diamétralement opposés. Outre le talent, ce qui oppose encore davantage l’artiste de ma personne, c’est que lui a trouvé la clé à l’occasion de cette peinture.

                                                                                               ThM